La conscience de notre humanité face à l’automatisme grandissant est une question aussi troublante que captivante.
Avant même d’entamer cette réflexion, nous sommes souvent invités à prouver notre humanité en cochant une simple case « Je ne suis pas un robot ». Une action répétée machinalement, sans véritable réflexion, acceptée comme un rituel.
C’est pourtant ce geste anodin qui ouvre les portes sécurisées de notre univers numérique, préservant nos secrets les plus intimes, comme notre santé. Ironiquement, c’est en validant notre humanité à travers ce processus que nous accédons à nos propres données vitales. Une situation qui ne manque pas d’étonner et de questionner notre intégrité.
Les créateurs du fameux Captcha, Luis Von Ahn, Manuel Blum & Nicholas J.Hopper, ont, en 2000, introduit ce mécanisme pour protéger les sites web des intrusions robotiques, en supposant que les humains réussiraient des tâches que les robots ne pourraient pas accomplir. Malgré cela, combien d’entre nous se sont trompés en tentant de résoudre les énigmes visuelles, en essayant de récrire les mots distordus ou barrés ? Sommes-nous moins humains ou plus robotiques en fonction de nos résultats ?
Convaincu de ma propre humanité sans même cocher cette case, je réalise que je pourrais facilement agir de manière robotique si je ne fais pas attention.
Réfléchissant à nos interactions quotidiennes, je me rappelle une rencontre récente avec des individus en uniforme bleu clair, dont le comportement mécanique aurait pu m’ôter ma liberté de mouvement. De nos jours, combien de personnes se réveillent comme des zombies, après avoir passé la nuit cloîtrées dans une chambre avec des compagnons virtuels ?
Dans un monde où la frontière entre réalité et fiction semble parfois floue, où les robots pourraient bien être les nouveaux envahisseurs, il semble que le plus grand danger réside dans nos propres tendances à l’automatisation. Nous perdons souvent de vue la richesse du monde qui nous entoure, préférant découvrir ses beautés à travers des écrans de plus en plus petits. Une façon de nous approprier le pouvoir illusoire de tenir le monde dans notre main avec l’accès immédiat à nos désirs.
Pour contrer cette dérive vers la robotisation et la déshumanisation, cultivons notre différence, affichons-la avec sincérité et authenticité et rapprochons-nous les uns des autres avec bienveillance, en savourant chaque moment en direct. Il est presque malicieux d’exprimer cette réflexion à travers les circuits de nos machines, mais c’est là un délicieux dilemme propre à notre nature humaine.
En appuyant sur le bouton de nos contradictions, peut-être que l’intelligence artificielle pourrait nous aider à trouver des réponses à ces interrogations existentielles et ces questions philosophiques.