Son goût ferait presque oublier la crise du cacao.
Popularisé par les réseaux sociaux et plébiscité par les influenceurs, avec plus de 100 millions de vues, “le chocolat Dubaï” est constitué d’un praliné pistache croustillant.
Sa pâte de pistache fondante, mélangée à du kadaïf, sorte de crêpe dentelle, fait fureur et parcourt le monde. La demande est considérable pour les créateurs de chocolat. Dans les ateliers de la famille Bockel à Monswiller (Bas-Rhin), la production atteint 500 kg par semaine. « L’engouement est incroyable sur le praliné pistache Dubaï, on a beaucoup de mal à suivre« , explique Jérémy Bockel, chocolatier. Ce « délice » se vend entre 7 et 10 euros les 100 g, en fonction des recettes concoctées par les chocolatiers. Certaines personnes sont prêtes à l’acheter pour le revendre jusqu’à 5 fois son prix … pour de faux amis ?!
L’année 2025 pourrait être celle d’une pénurie de chocolat. Une situation impensable il y a encore quelques années. Cette rareté est en partie due à une production de cacao peinant à répondre à la demande mondiale croissante. La demande de chocolat, surtout en Asie et dans les pays émergents, a explosé ces dernières décennies. L’offre de cacao, quant à elle, diminue en raison de nombreux facteurs : conditions climatiques difficiles, manque de terres exploitables, et épuisement des ressources naturelles dans le sol.
D’autre part, les pratiques spéculatives autour des matières premières, dont le cacao fait partie, ont accentué cette crise. Les investisseurs misent sur la hausse de leur prix, créant l’instabilité du marché et aggravant les coûts. Les cours du cacao atteignent des sommets, impactant directement le prix des produits chocolatés pour les consommateurs. Le prix de la tonne de cacao est passé de 2000 dollars en 2016 pour atteindre plus de 10 000 dollars à l’été 2024. Les acteurs de la bourse anticipant une pénurie de cacao, accentuent encore davantage cette hausse.
En définitive, la crise du cacao met en lumière les nombreux défis auxquels est confrontée l’industrie du chocolat. La dépendance envers certains pays producteurs, le dérèglement climatique, la spéculation et les inégalités sociales, sont autant d’éléments qui mettent la filière sous pression avant perfusion. La raréfaction de cette ressource précieuse pourrait transformer le chocolat en un produit de luxe dans les années à venir. Et savourer chaque carré pourrait bien devenir moins accessible dans un futur proche.
N’est-ce pas difficile à croire quand “Oréo”, le biscuit chocolaté, promet aux consommateurs encore plus de cacao ? “Le chocolat Dubaï” n’est-il pas d’ores et déjà un produit très cher qu’une rareté programmée ne manquera pas d’ élever au rang de gourmandise de luxe ?