Cet été, alors que je cheminais sur les routes de notre beau pays, accompagné de ma fille aînée et de ses 2 filles canadiennes, j’ai redécouvert la puissance des comptines pour enfants. Jade, mon petit caribou de 13 mois, déteste la voiture et seules ces douces chansons parviennent à calmer ses pleurs et ses tensions.
Pour la première fois, je les écoutais avec une oreille attentive. “A la claire fontaine”, “Une souris verte”, “Il court il court le furet”…Toutes ces comptines ayant bercé des générations d’enfants repassaient en boucle dans l’habitacle. La route était longue et Jade n’avait pas sommeil. Bien lui en a pris puisque ma fille et moi, nous avons entendu puis recherché le sens caché derrière les paroles innocentes. Bienvenue dans un monde a priori gentillet mais finalement empreint de violence, d’érotisme et de politique !
Selon les historiens, la célèbre chanson “Une souris verte” bien que rigolote, ferait référence à un soldat vendéen (qu’on appelait à l’époque « souris ») qui aurait été traqué par les soldats républicains pendant la Guerre de Vendée (1793-1795) puis torturé de façon atroce puisqu’il fut plongé dans l’eau et l’huile bouillante…
« Nous n’irons plus aux bois » (« les lauriers sont coupés… »). Cette chanson date du XVIIe siècle quand Louis XIV décide de fermer les maisons closes pour éviter la propagation des maladies qui touchent les ouvriers travaillant dans le jardin de Versailles. Ces maisons de libertinage habillaient leurs façades avec des lauriers !
“A la Claire fontaine”, chanson traditionnelle du XVIIIe siècle, parle en fait de la colère d’un jeune homme, repoussé par sa bien-aimée parce qu’il lui a refusé…un bouquet de roses. Il nous faut comprendre la gâterie d’un cunnilingus !
“Il court il court le furet”, composée sous Louis XV, la chanson sous-entend “Il fourre il fourre le curé”. Ce dernier étant le cardinal Dubois, principal ministre d’État, dont les mœurs étaient réputées très légères !
“Au clair de la lune”, parle en fait des problèmes masculins d’érection avec cette « chandelle morte qui n’a plus de feu »…. Et la “Mère Michel” perd beaucoup plus que son chat : cette chanson militaire devenue comptine populaire en 1820 parle en fait de la virginité perdue de Madame !
Comment expliquer que de telles chansons qui ont l’air de rien mais qui disent quelques horreurs aient su traverser les siècles ? En connaissant la véritable origine et signification de certaines comptines, il devient difficile de faire comme si de rien n’était. Les arrière-pensées risquent fort d’altérer le timbre de la voix.
Dans la mesure où nous sommes capables de bercer nos enfants avec de telles histoires, le temps n’est-il pas venu de leur enseigner la philosophie dès leur plus jeune âge ?